• Le célibataire de l'année - Partie VI

    Partie VI

    Il n’avait jamais été aussi inquiet. Certes c’était la première fois qu’il assistait à la commémoration de la victoire en ce 4 Juin, mais en tant que Malefoy, il ne pouvait se laisser perturber pas des choses insignifiantes. S’habillant devant le miroir à pied de son dressing, il réajusta sa robe de sorcier blanc cassé, brodée d’entrelacs de fleurs en vieux rose.  Sa coiffure était stricte et collait à son crâne. Il lui fallait mettre un bijou, il tendit la main et pris le premier collier qui se présenta. C’était une rivière de diamant rose du Brésil qui était dans sa famille depuis le XVIe siècle. Une fois prêt, il transplana jusqu’à l’entrée de Pourdlard. Pansy, Théo et Blaise lui avaient dit qu’à chaque commémoration, dès qu’ils remettaient les pieds à Pourdlard, qu’ils ressentaient beaucoup de nostalgie. Pas lui. Il ne devait pas être assez sentimental pour ça. Il n’était pas en avance, c’était même rare qu’il soit en retard, et son entrée se fit remarquer. Normal, partout où passe un Malefoy, le monde s’incline. Il balaya de son regard hautain et précieux l’assemblée qui lui jetaient des coups d’œil intrigués et furieux, avant de trouver Théodore Crivey-Nott. Bien évidemment son ami brun était attablé avec la tribu Weasley. La famille était au complet ou presque puisque le chasseur de dragon n’était pas là. Drago soupira et s’avança dignement jusqu’à eux. Y aurait-il une place pour lui ? La table était très grande, à bien y regarder, c’était plutôt la table des héros de la guerre : à part les enfants et quelque rares compagnes, il n’y avait que des membres de l’ordre du Phénix.  Ne voulant pas faire tache, le bel aristocrate, décida d’aller s’assoir ailleurs, mais pas question de faire demi-tour. Il se devait de saluer tous ses braves guerriers qui avaient contribué à la mort du Lord Noir ainsi qu’à celle de ses parents et à sa ruine. Alors que Molly lui sautait presque dessus pour le saluer, il remarqua, avec un sourire non dissimuler, que le grand Harry Potter était assis juste à côté de sa soi-disant fiancée Ginevra. Il avait comme tout le monde suivit dans les journeaux les évènements de ses derniers temps et la situation l’amusait beaucoup. Il se devait de faire quelques choses pour que la journée se passe normalement sans paraitre troublé.

    -« Bonjour Potter » fit-il en lui tendant la main.

    Ce dernier, méfiant, lui répondit froidement, en serrant sa main. Alors Drago se tourna vers Ginny.

    -« Toutes mes félicitations Weasley-fille. C’est toujours gratifiant de partir à la pêche et de ramener un thon. »

    Théodore fut le seul à rire. Les autres se contentaient de faire la grimace.

    -« Malefoy, on peux savoir pourquoi tu es venu ? » fini par lui demander Ron.

    -«  Pour faire la même chose que toi Weasley,  com… »

    -« Malefoy, assis-toi, et arrête de jouer au petit arrogent puéril, tu es trop vieux pour ça » l’interrompu Harry en lui désignant la chaise à ses côtés. S’il n’était pas sur que rien n’avait été programmé à l’avance, il aurait juré qu’Harry Potter lui avait réservé une place. Pour faire fulminer tous les biens pensants qui le regardaient comme le mal incarné, il prit place au côté du survivant. Il était juste en face d’un jeune homme en uniforme au couleur de Gryffondors, les cheveux hirsutes orange et rouge. C’était Teddy, le neveu d’Harry. C’était la premier fois qu’il le voyait, mais il en avait tellement entendu parlé que c’était comme s’il l’avait toujours connu. Cependant Harry se sentit obligé de le lui présenter. Et une conversation à mots couverts s’enchaina.

    -« C’est Teddy. » Fit l’homme brun en se penchant vers lui.

    -« A sa coupe de cheveux j’avais reconnu. »

    -« Il est mignon n’est-ce pas ? »

    -« Je sais pas, je tape pas dans les pré-pubères »

    -« T’es de mauvaise humeur ce matin. C’est à cause de ses articles de merdes ? »

    -« C’est mon humeur naturel, Potter. »

    -« Je vois bien que tu n’es pas normal, Drago, avec tes Potter. »

    -« Potter, c’est toujours comme ça que je t’appelle en public. »

    -« Mais là nous avons une conversation privée, personne ne nous entend. »

    -« Une conversation privée, certes, mais en public. » lui répondit le blond dans un sourire carnassier.

    -« Tu t’amuses bien, hein ? » demanda le sauveur légèrement irrité. « Pendant que moi je me fais du mauvais sang à cause de cette putain d’histoire à la con avec Ginny. Toi tu te marres. J’étais inquiet pour toi, moi. »

    -« Tu es un puits perpétuel de contradictions. Avec toi je ne sais jamais où je vais. »

    Un silence s’installa entre eux. Il fut rapidement comblé par le discours du premier ministre. L’homme à la tête du gouvernement commença par rappeler les faits qui avaient touché le pays plusieurs années au paravent, il y expliqua le rôle de chacun et les étapes qui permirent de dénouer la situation. Ensuite, il poursuivit par un éloge de la société d’aujourd’hui tout en mettant en garde contre les dérives. Mais Harry arrêta de l’écouter assez rapidement pour reprendre sa conversation avec son voisin.

    -« C’est pas la Demoiselle Rose que tu portes au cou ? »

    -« Tu t’y connais en bijoux ? »

    -« En bijoux en général, non. Seulement en bijoux Malefoy. »

    Drago se retourna légèrement pour mieux voir son interlocuteur et souleva un sourcil septique.

    -« Oh, ne me dis pas que tu as oublié l’époque où les biens des Malefoy étaient recherchés pour être confisqués. »

    -«  Recherché ? »

    -«  Ne joues pas au innocent, Drago ! Tous tes biens auraient dû être saisis. »

    -« Potter, je tiens à mettre les choses au clair avec toi et ce définitivement, tous les biens des Malefoy ont été confisqués, le ministère a même sorti une liste. Et aucun objet de cette liste ne manque. »

    -« Drago, c’est à moi que tu parles, là ! Je n’irais rien dire à personne. Alors par pitié, pour une fois, soit un peu honnête. Tu sais très bien qu’il y a deux listes, la liste officielle, celle des biens non cachés par tes parents, et la liste officieuse, celle des biens réels de ta famille. »

    -« Et ? »

    -« Et ce que tu portes est l’une des pièces les plus importantes de la collection Malefoy qui a mystérieusement disparue après la guerre. »

    -« Si on te demande comment je l’ai eu, tu diras que je l’ai acheté à Istanbul. Le marché noir là-bas est très prolifique. »

    -« C’est pour ça que tu étais chez moi avant-hier ?tout doux, tout miel, me faisant croire que tu n’étais pas inquiet par la situation, que tu avais confiance en moi. Ton but réel était de récupérer ça dans le clocher ? » La colère gagnait le grand héros du monde magique à chaque mot qu’il prononçait.

    -« Je n’étais pas inquiet parce que c’est vrai. D’ailleurs, je ne suis toujours pas inquiet. Et tu sais pourquoi. »

    -« Harry, c’est bientôt à toi. » lui indiqua Ginny en se collant à son dos « tu as préparé un discours cette année j’espère. L’an dernier s’était pas géniale. » Elle passa une main autour du cou d’Harry. « Tu n’étais pas là l’an dernier, Drago, mais si tu avais été là, tu te serais bien foutu de lui. »

    -« Non, c’est vrai » fit le blond faussement intéressé par les propos de la rousse, qui venait de s’initier dans leur conversation. Drago reconnu dans son geste, une manouvre très subtile pour se rapprocher du brun ; en faisant semblant de parler avec lui, elle pouvait câliner l’homme de ses rêves. Depuis les derniers évènements, c’était la première fois qu’il ressentait comme un poids dans sa poitrine. Il n’avait jamais vu d’aussi près Harry avec quelqu’un autre. C’est une chose de lire dans les journaux que l’homme avec qui vous étiez était avec une autre et c’en est une autre de la voir se coller à lui. Irrité, il se retourna pour écouter la fin du discourt du chef d’Etat.

     

    Elle recommençait et il avait horreur de ça. Il n’avait aucune envie d’être là, mais il était le sauveur et il se devait d’y être. Et dire qu’un dossier urgent l’attendait. Un autre enfant pouvait se faire kidnapper en ce moment même, une famille pouvait souffrir sans que nul ne le sache, et lui il était là à faire le coq. Son travail était son seul réconfort, alors voulant se calmer un peu, il se mit à réfléchir à son affaire. Depuis un an maintenant, un groupe de trois hommes enlevait des enfants de famille appartenant à tous les milieux sociaux du monde magique. Ils endormaient les chérubins pendant tout le rapt pour que ceux-ci ne se rappelèrent de rien. Aucun des enfants n’avaient le souvenir d’avoir été enlevé. C’était très astucieux de leur part, ainsi les seuls témoins ne pouvaient donner aux aurors aucun indice, même pas un tout petit. Les parents devaient toujours donner quelques choses en accords avec leur moyen. Ils entraient en communication à eux avec les hiboux de ces derniers. L’encre disparaissait définitivement au bout d’une journée. L’écriture glissait perpétuellement sur le parchemin afin de ne pas être identifié. Cette affaire lui prenait la tête, mais le sauveur savait qu’il trouverait une faille un jour ou l’autre. Lorsque ce fut son tour de discourir, il était de nouveau calme, son discours improvisé comme à chaque fois fit sourire l’assemblée. De nombreuses animations suivirent, spectacle de danse, scènes de théâtre, défilé de mode, lecture de poèmes, chants … Comme toujours les actions menées pour la commémoration étaient de grandes qualités. Il avait vu Teddy danser et défiler, il était même figurant dans une scénette. Teddy. Ted, le fils de ce cher Rémus était à Poudlard. Comme le temps passe vite, Rose aussi entrait à l’école de magie à la rentrée. Son cœur se serra. Et lui, qu’avait-il fait toutes ses années ? A part avoir tué le Lord noir, que laissait-il derrière lui ? Regardant sa petite nièce qui avait des étoiles dans les yeux, Harry se demanda s’il ne devait pas lui aussi penser à l’avenir. Le rire de la femme rousse à ses côtés, lui retourna l’estomac. Ginny n’attendait que ça, elle l’attendait depuis 10ans. S’il venait à elle, elle serait enceinte à la minute qui suit. Devait-il revenir avec elle ? Le rire carnassier d’un blond envahit son esprit. Non. D’ailleurs ou était-il ? Prétextant une envie urgente, Harry sortit de table. Dès qu’il fut loin des regards indiscrets, il consultât la carte du maraudeur. Encore une preuve de son inutilité sur terre. Peut-être devrait-il donner cette carte à Rose ? Très rapidement il repéra le nom de Drago Malefoy sur la carte et se rendit dans sa direction. L’ex-Serpentard était près de la tour d’astronomie. Il ne mit à peine qu’une minute pour arriver à destination, et le spectacle qui s’offrit à lui laissa un gout d’amertume au fond de la gorge. Dans un coin discret, Drago était appuyé à un mur la robe soulevé, dans son dos, se frottant et râlant sans retenu, un homme. Le brun se sentit défaillir. Son cœur s’arracha de sa poitrine. Des idées morbides lui traversèrent l’esprit. Mais il ne pouvait rien y faire. C’était lui, Harry Potter, qui avait dicté les règles du jeu. Dès le départ, il lui avait dit qu’entre eux, il n’y aurait jamais rien eu d’autre que du sexe. Le sexe un point c’est tout. Rien d’autre que du sexe. Il avait beau être jaloux, inquiet et amoureux, il ne pouvait se résigner à appartenir entièrement au blond. Il ne le voulait pas, il n’avait pas confiance, non pas en lui mais en l’autre. Cet ange déchue, ce diable déguisé en saint, qui était apparu à lui peu de temps après l’achat de son ancienne maison, qui l’avait obligé à y vivre pour mieux se rapprocher de ses sous. Furieux, celui qui fut un temps le prince des Gryffondors, s’en allait quand il vit l’inconnu faire glisser la Demoiselle Rose hors du cou de Drago pour le mettre dans sa poche. Il était aurors tout de même, il ne pouvait pas laisser un vol être commis sous ses yeux. L’homme partit laissant Drago seul, sans même se retourné sur lui. Il se mit à marché vite en direction de la sortie. D’un geste vif et précis Harry se saisit du bras du voleur, le tordit et sortit de sa main libre la rivière de diamant.

    -« C’est pas bien de voler, tu sais mon gars ? »

    Le coupable tendait de s’en aller, jurant que ce bijou était à lui, que c’était le cadeau d’un amant, mais plus il se débattait, plus  la moutarde montait au nez de l’auror. L’évocation de ses rapports intimes avec son blond l’irritait au plus haut point. Ecœuré, il contacta quelques confrères afin que l’homme soit, si ce n’était pas incarcéré, détenu quelques heures au poste. Sur le chemin qui le ramena à Drago, le brun s’imaginait déjà passer une nuit de luxure en guise de remerciement.

     

    Le rendez-vous était à 17h près du gros rocher en face du lac. Il était déjà 17h12 et il n’y avait pas signe de vie. De plus en plus inquiet, ne pouvant garder son calme plus longtemps, Drago Malefoy s’abandonna à ses craintes. Depuis 3 jours, il vivait dans une angoisse sans nom. Il aurait tout donné pour que la situation s’arrange vite et bien. Une larme roula le long de sa joue qu’il l’essuya rageusement. Entendant un bruit de pas derrière lui, il se retourna vivement, heureux. C’était Harry Potter. Sa déception fut si grande que le brun la ressentit et se vexa.

    -« Je vois que tu es heureux de me voir ? »

    -« Ce n’est pas toi que j’attendais, c’est tout. »

    -« Si c’est l’autre connard de tout à l’heure, tu peux toujours attendre ! »

    -« De quoi tu parles ? »

    Harry soupira bruyamment, une fois de plus Malefoy niait les faits. Fatigué par son comportement puéril, il sortit la Demoiselle Rose et la tendit à son propriétaire. En voyant le bijou entre les mains d’Harry, Drago pâlit. Il se sentit défaillir, la terre s’ouvrait sous ses pieds, la lumière s’en allait, il ne sentit plus ses jambes et tomba. Le brun n’eu que le temps de le rattraper pour l’éviter de tomber.

    -« Drago qu’est ce que tu as ? »

    -« Pourquoi tu as fait ça Harry ? Pourquoi ? » se mit à sangloter l’aristocrate.

    -« Drago de quoi tu parles ? » s’inquiétait le brun tout en ramenant son compagnon vers le rocher afin de l’y adosser. « J’ai juste récupérer ton collier. »

    -« Comment je vais faire maintenant ? Hein ! Monsieur le Héros ! »

    -« Drago pour l’amour de Merlin explique toi ! »

    -« Tu lui as pris, idiot. Tu lui as pris la rançon » se mit à pleurer Drago.


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